Ami des maisons de l’emploi : au fait, pourquoi ce blog ?

Publié le par Jacques Planchon, directeur d'une maison de l'emploi

C’est d’abord une façon de prendre du recul par rapport à une activité qui le nécessite tout particulièrement. Animer une maison de l’emploi, cela ne va pas de soi. Situé entre une démarche d’impulsion et d’accompagnement de projet et un travail d’élucidation progressive d’interventions plutôt pragmatiques, et associant une grande diversité d’acteurs, ce métier implique un minimum de réflexions, à partager.

De ce point de vue écrire un blog est aussi une manière de réfléchir à la façon de répondre aux questions auxquelles tout(e) salarié(e) d’une maison de l’emploi est sommé(e) de répondre : qu’est-ce que vous faîtes concrètement ? C’est quoi votre différence avec Pôle emploi ? Sans oublier la « question qui tue » : quelle est votre « valeur ajoutée », en fait ?

Voilà : pour reconnaître la maison de l’emploi il faudrait que cela soit « un truc de plus » ! Il faudrait que ce « truc » occupe une « niche » particulière dans le microcosme déjà chargé des services plus ou moins publics liés à l’emploi. L’évolution du cahier des charges national est, à cet égard, significative : des niches y sont, successivement, désignées : gestion prévisionnelle des emplois et des compétences dans les territoires, clauses sociales, etc.

Et bien pour être franc, je ne suis pas sûr que la maison de l’emploi « ajoute » quoi que ce soit dans le paysage. Je dirais plutôt qu’elle infuse, qu’elle distille une sorte de « potion », qu’elle « inocule », à la rigueur, un « vaccin », le travail collaboratif, dans un univers segmenté, cloisonné, et dans un champ devenu éminemment concurrentiel.

La « valeur ajoutée » des maisons de l’emploi est ailleurs. Elle est inscrite dans la nature de son intervention. Et surtout elle est située, toujours, dans le territoire.

Les détracteurs des maisons de l’emploi ont l’impression que les maisons de l’emploi « se cherchent » (les pauvres !), et que cela tendrait à prouver, au choix : leur inutilité, leur inefficacité, et au final « leur échec à être reconnues nationalement ». Qu’ils se rassurent : ils ont raison ! Les maisons de l’emploi ont intérêt à « se chercher » et à muter pour coller à leur vocation.

D’abord les maisons de l’emploi ont chacune leur manière d’appliquer le cahier des charges national. Ensuite celui-ci n’épuise pas la vocation des outils qui portent le plan d’action labellisé. Par exemple dans certains territoires la maison de l’emploi anime, en propre, des missions de conseil. Et alors ? Le Conseil régional a jugé opportun de leur confier cette mission. Dans ce cas cette dernière n’est pas financée par l’Etat, du moins dans l’état actuel des choses.

C’est peut-être un élément de complexité, mais c’est une condition de la « plasticité » de ces outils et de leur capacité à s’attaquer à la résolution des problèmes auxquels les acteurs locaux sont confrontés. Cette caractéristique est parfois difficile à assumer par ces derniers, malheureusement, tant il est vrai qu’il n’est pas évident de composer avec l’image que l’échelon national renvoie aux maisons de l’emploi.

« Ma » maison de l’emploi idéale n’est pas une « maison de maçons » où l’on trouve tous les services utiles à l’emploi. C’est une communauté d’intervenants, c’est une équipe pluridisciplinaire, ou multi-institutionnelle. C’est une affaire qui ne se comprend vraiment que de l’intérieur : dans la délibération propre au travail de gouvernance et dans l’action, nécessairement collaborative.

Pour les partenaires associés la participation nécessite un effort, une forme d’abandon, même partiel, de leur identité institutionnelle. Quant à l’identité de l’équipe propre à la maison de l’emploi elle n’est pas un donné mais un construit, et elle ne saurait être confondue avec celle d’une « institution », comme cela est le cas de la plupart de nos interlocuteurs. Pas même avec la collectivité qui inspire l’action. Nous préférons parler de la posture, celle qui amène à essayer, au maximum, d’adopter le point de vue de l’usager, de l’entreprise, de l’habitant.

Ce blog a une autre fonction pour son rédacteur : c’est un exutoire. Un moyen comme un autre d’exprimer une forme de colère sourde tout en essayant d’en faire quelque chose de constructif. Parce que le sort réservé aux maisons de l’emploi depuis 6 mois maintenant est véritablement scandaleux. Il ne faudra surtout pas oublier de rappeler aux membres de la commission chargée – enfin ! - d’évaluer les maisons de l’emploi que nous venons de vivre six mois d’un véritable gaspillage. Dès la publication du Projet de Loi de Finances, et donc durant les trois derniers mois de 2013, les équipes ont vécu dans l’angoisse. Durant les trois premiers de 2014 elles ont ramé pour préserver l’essentiel de leur capacité d’intervention, dans le contexte le moins propice à la négociation avec les collectivités, premières concernées...

Au final de nombreux salariés, souvent impliqués dans l’invention de nouveaux métiers, auront perdu leur emploi. En bonne logique le travail d’évaluation doit pleinement impliquer les donneurs d’ordres et toutes les composantes de la gouvernance, y compris l’Etat.

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