5 mois ferme : quel gâchis !

Publié le par Jacques Planchon, directeur d'une maison de l'emploi

5 mois depuis le « coup de théâtre » qu’a représenté l’annonce d’une réduction de 50% du financement des maisons de l’emploi dans le Projet de Loi de Finances 2014. Et le processus n’est pas encore achevé…

5 mois de démarches répétées : alertes, courriers, notes, interventions diverses, élaboration d’un premier dossier, révision du dossier. Avec une, deux, trois moutures de budget prévisionnel et autant de « scénarios catastrophe »...

5 mois d’interrogations et aussi d’incompréhension de la part des membres d’une gouvernance avant tout collective, et des partenaires impliqués dans les actions, sur le terrain, face au brusque changement des « règles du jeu »…

5 mois de flou et d’attente, toujours, avec une interminable partie de « poker menteur » entre financeurs.

5 mois d’incertitude et d’angoisse pour les salariés, alors même qu’un tel métier requiert une forte implication, et aussi des valeurs.

C’est assurément un coup dur, et pourtant ce n’est pas le premier…

Sans remonter au « gel » du programme national décrété en 2007 (rappelons qu’il n’y a pas eu de création de nouvelles « maisons de l’emploi » depuis cette date, deux ans à peine après le lancement du label).

Rappelons que ce même type de situation a été vécu sur une période de 6 à 8 mois entre 2010 et 2011, 5 mois entre 2011 et 2012, avec des amplitudes certes moindres, mais répétées…

On estimera donc à 18 au total le nombre de mois passé, sur une période de 4 ans, dans ce type de tourment. Tout cela favorise indéniablement la concentration sur les objectifs et sur le travail de terrain !

N’est-ce pas une forme de maltraitance caractérisée de la part d’un financeur qui a quand même pris soin de mettre en place une « convention pluriannuelle d’objectifs » de 4 ans, mais n’a jamais pris la peine de vérifier formellement l’atteinte desdits objectifs avant de réduire la subvention…

L’Etat préfère aujourd’hui payer la facture de la fermeture de structures plutôt que de faire une estimation sérieuse du risque de priver les territoires, surtout en milieu rural, de compétences rares, difficiles à acquérir, et pourtant indispensables.

Il accepte délibérément de ruiner la confiance dans ce type d’intervention « transversale » et partenariale, si difficile à impulser et à mettre en place.

Tout cela en vertu d’une conception dépassée qui considère que l’initiative locale est secondaire voire inutile et même « suspecte », et qu’elle ne mérite donc pas d’être soutenue.

Tout cela à cause d’une idéologie à forte connotation technocratique qui proclame que deux ou trois opérateurs nationaux sont parfaitement à même d’agir, dans le contexte que nous connaissons, sur les multiples freins et autres décalages qui affectent un marché du travail et de l’emploi aux caractéristiques identiques de Dunkerque à Mayotte et de Fort-de-France à Perpignan…

Publié dans maison de l'emploi, budget, Etat

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